The girl on campus

Avant un examen, ai-je ecrit un jour, on a tendance a considerer le monde de maniere dichotomique : le monde avant l'examen et le monde apres l'examen.

Pourtant, maintenant que je suis a Warwick, force m'est de constater que cette tendance n'est pas universelle.

En effet, meme la veille d'un examen de theorie de Galois, impossible de se concentrer sur la maniere ; a la place, je reve sur skype, j'ecoute avec rejouissement les cris de joie du au bonheur qu'eprouvent les "students" au barbecue de l'immeuble dont ils ont eu la bonne idee de placer sous ma fenetre ; je sens les saucisses. Jusqu'a minuit.

Mais encore ca, c'est la veille de l'examen.

A midi, du jour meme de l'examen, Vincent m'appelle ; il est devant chez moi et il doit me parler. Il me parle. Il a trois essays a rendre pour le jour meme mais n'en a pas commence deux et le troisieme n'est compose que de 500 mots, alors qu'il est suppose en conventir 3500. Un petit septieme. Pour se sauver de cette situation intenable, il a eu recours a une astuce. Il m'explique ce qu'il a fait ce matin a neuf heures : il est alle a l'administration office expliquer a la secretaire, que les steroides qu'il a pris pendant les vacances, l'ont empeche de dormir et qu'il n'a pas pu finir ses essays.

"Une chance que mon medecin m'a prescrit ces medicaments contre l'asthme. Meme si je ne les ai pas pris. Par contre, pour faire veridique, j'ai du vider l'emballage des pilules et je les ai montre a la secretaire."

Il me brandit l'emballage vide de cachets.   

Tout probleme a une solution.

Surtout ceux de theorie de Galois

Ce soir, j'ai donné deux heures de cours de français à ma voisine chinoise. Quand je lui ai fait la remarque que j'aimais bien sa crème de soin pour la peau, elle m'a expliqué pourquoi elle tenait tant à ces cours de français. Ce n'est pas pour lire l'original de Voltaire. C'est pour lire l'original des produits de cométique français.
"Oui, en fait la raison principale pour laquelle j'ai envie d'apprendre le Français, c'est à cause des produits de beauté ! Je comprends jamais rien à ce qui est écrit dessus, j'essaie de deviner, mais c'est mieux d'apprendre vraiment le Français."

Elle est vraiment très cool.

Et quand elle m'a demandé si mon frère était beau (parce qu'il était mixte comme moi), je lui ai dit que je pouvais le lui présenter, elle m'a dit "non non, je n'aime pas faire connaissance avec des garçons, surtout s'ils sont inconnus."

Je ne comprends rien aux Chinoises.

Et encore moins aux Anglais, surtout ceux de l'escrime.

Youpee ! Demain je dors jusqu'a midi. Pour comprendre pourquoi, lisez ce mail que je viens de recevoir...

Roger Tribe has flu symptoms and has to cancel his lecture on Fourier Analysis for
tomorrow Wednesday 28 Oct from 10 to 11 am.

Peut-etre que les transports publics prives anglais marchent mal dans le but de dissuader les Anglais de prendre le bus et donc de se transmettre la "FLUUUUU" : j'ai passe mon dimanche a attendre le bus pour Stattford, mais finalement je suis restee sur le campus. Une semaine sans quitter le campus et je me sens completement immergee dans le monde estudiantin.

http://www.youtube.com/watch?v=uoNC6VHDEkU&feature=related

(Pardon pour la traduction approximative qui doit faire perdre beaucoup de charme à la véritable conversation qui a eu lieu au cours de théorie de Galois)

Le Prof : "Mais cette définition d'extension de corps ne suffit pas pour ce qu'on veut faire. On va en introduire une nouvelle !"
Pablo : "Grâce à l'analyse cinématographique qu'a fait Virginie au sujet de Pierrot le fou (N.D.R.L. Hier soir, avec lui et Virginie, nous sommes allés voir un Godard au cinéma du Campus où tous les vieux indigènes ont vite fait de quitter la sale, l'insultant à coup de "God I can't belive this". J'ignore s'ils parlaient à Dieu ou au réalisteur mais toujours est-il qu'ils n'aimaient pas), j'ai réfléchi cette nuit au film et une nouvelle facette de ce dernier est apparue. Je trouve finalement que ce film n'est pas si mauvais."
Moi : "Oui, c'est un film profond".
Le Prof : "exemple de la "Tower Law", il n'existe pas de corps entre IR et C."
Moi : "J'ai lu Calderon en Anglais hier soir."
Pablo : "Ah ! Comment font-ils pour les Raïmes?"
Moi : "Pour les quoi ?"
Pablo : "Pour les Raïmes."
Pablo récite une dizaines de vers de Calderon par coeur, pour me faire comprendre que "Raïmes" signifie "Rime".
Le Prof : "On se retrouve vendredi prochain."

Mon prof de PDE (partial differentiate equations ), il pue des pieds.
Pourquoi il se croit obligé d'enlever ses chaussures au début de chaque cours ?

Au deuxième étage de la résidence d'Emscote, sur le campus de Westwood à 15 minutes à pied du campus principal de Warwick (à prononcer Warrick), des Asiatiques, à savoir des Chinoises, des Indonésiennes, des Malaisiennes, des Singapouriennes, des Coréennes du Sud, des Indiennes, sont entassées.
Quand j'ouvre ma boîte aux lettres, qui est commune pour les 17 chambres de l'étage et donc pour un peu plus d'une vingtaine de personnes, puisqu'on est quelques room-sharers, je n'ai pas de mal à distinguer mon courrier : j'ai à peu près le seul nom qui ne contient pas de yang, wang, tien, lee, kim et autres.
Il est fort à parier que les résidents du deuxième étage de Emscote sur le campus de Westwood ont été regroupés de manière ethnique.
Au premier étage de la résidence d'Emscote, sur le campus de Westwood à 15 minutes à pied du campus principal de Warwick (à prononcer Warrick), des jeunes cools anglais, masculins et féminins, apprennent à se connaître tous les soirs, autour de verres de vodka bon marché et de jeux purement non intellectuels.
Il est fort à parier que les résident du premier étage de Emscote sur le campus de Westwood ont été regroupés grâce à leur goût commun pour le breuvage russe.

Le décalage culturel du premier et du second étage s'est fait ressentir lors de l'exercice d'alarme incendie : le premier étage est sortie beaucoup plus vite de l'immeuble que le second, moins prompt à s'énerver au moindre petit événement. On pourrait mettre la faute sur la longueur du trajet qui est double, mais on ne le fera parce que c'est plus rigolo sans ça.

Ce soir, l'indienne de Belgique (mais qui parle Flamand), m'a fait part de son désespoir : "Quelqu'un m'a piqué ma gâteau alors qu'il était rangé au fond du tiroir de mon frigo." Immédiatement, je l'ai rassurée quant au fait qu'elle n'était pas seule dans son malheur :"Moi aussi ! On m'a piqué mon chocolat qui est très cher (c'était du Lindt acheté deux fois plus cher qu'en Suisse) De plus, on m'a piqué mon papier ménage et mon curry en poudre." Le voleur de la cuisine du deuxième étage de la résidence d'Emscote, sur le campus de Westwood à 15 minutes à pied du campus principal de Warwick (à prononcer Warrick) a donc un goût prononcé pour le chocolat suisse, le gâteau belgo-indien et le curry. Qui cela peut-il bien être ? Sûrement un Anglais du première étage. L'indien a dit :"Il faut agir maintenant, sinon après ça sera trop tard !" Et elle est partie d'un pas décidé vers sa chambre, convaincue qu'elle va mater le premier étage.

Vous allez voir ce que vous allez voir, premier étage de la résidence, d'Emscote sur le campus de Westwood à 15 minutes à pied du campus principal de Warwick (à prononcer Warrick).

De la part d'une résidente du deuxième étage d'Emscote, sur le campus de Westwood à 15 minutes à pied du campus principal de Warwick (à prononcer Warrick)

Faites que Bora se soit trouvé un petit copain à la super fête de Copper Room et qu'elle ne rentre pas cette nuit.
Zut
la porte s'ouvre

Conditions : ma roommate vient de me raconter pourquoi elle est rentrée à 3 heures du matin deux jours de suite. A cause d'un garçon, évidemment. Actuellement, elle raconte sûrement la même histoire à sa copine via skype. Des jeunes ivres cools du Campus sont rentrés dans notre résidence en faisant beaucoup de bruit, au plus grand désarroi de mes oreilles.
Les cours étaient bien, surtout celui de système dynamique. Où un Chinois complètement maniaque recopiait les dessins du prof dans le moindres détails, même si le prof ne faisait rien d'autre que des points un peu au hasard sur le cercle unité. C'était drôle !
J'ai acheté ma eating carte, carte qui va me permettre de manger sur le campus pour bon marché. C'est tellement rassurant de se dire que son appétit va dépendre d'une carte.
Ma roommate n'a toujours pas fini sa conversation avec sa copine, elle s'excite de plus belle.
Hier j'ai visité un chambre chez une dame. La chambre est magnifique, tranquille et tout mais la proprio est musulmane et pendant trois heures elle m'a gardé pour me parler de la supériorité de la religion musulmane, du fait qu'elle était meilleure que les autres parce que c'est la plus récente, la plus moderne et que c'est la religion du future. Du coup, j'ai pas envie d'habiter chez elle. Donc, je reste avec Bora, ma roommate préférée.

Conditions : ma roommate sud-coréenne parle avec quelqu’un en coréen, je ne comprends pas un seul mot, il est 1:34 du matin, je suis étalée sur le ventre. J’ai passé la soirée dans un pub de la zone résidentielle de Coventry avec un Hongrois, deux Allemands, un Polonais,  trois Français et moi-même. Pour rentrer, j’avais prévu de prendre le bus, j’ai attendu son arrivée éventuelle pendant 25 minutes et finalement, avec un garçon syrien du nom de Serge rencontré à l’arrêt de bus, qui a travaillé à Abu-Dhabi pendant deux ans, nous avons décidé de prendre un taxi pour partager les frais.

Lundi, soit six jours après mon arrivée à Warwick, c’est un peu tard pour un premier billet sur un blog qui est censé reporter au jour le jour ma vie cool d‘international student. Une raison à cela : mon adaptateur ne marchait pas, je ne pouvais me permettre d’user toute la batterie de mon portable pour répondre à vos attentes et j’ai eu une peine folle à en trouver un qui correspond aux prises suisses, qui sont au passage assez particulières. J’en ai un depuis hier matin : Maurice, un homme marié et allemand de 23 ans, me l’a généreusement offert.

Mon arrivée a donc eu lieu mardi à Heathrow airport où un service de coaches et de navettes jusqu’à l’université avait été mis en place pour les international students (dont je faisais partie (dis-je avec modestie)). A savoir : à l’arrivée du terminal 3, des étudiants en pull rouges de la Warwick University nous attendaient, prenaient nos noms et nous menaient jusqu’aux navettes où d’autres étudiants nous coachaient et faisaient notre connaissance en nous expliquant deux ou trois « tips ».
A côté de moi, dans le bus, une fille africaine s’est assise. Très sûre d’elle, elle m’a dit qu’elle s’appelait Banka, «it’s easy to remember : you say Bank and you put an A at the end ». En cinq minutes de trajet, j’ai appris qu’elle vient du Nigéria, qu’elle vient de la meilleure université du Nigéria (it’s for the top of the top),  qu’elle va faire un postgrad d’engineering management, que son père est mort et qu’elle a passé une soirée en compagnie d’Hilary Clinton parce que sa mère organisait un repas.
Le voyage en bus pour Warwick s’est éternisée et j’ai fait une connaissance d’une petite Italienne en Erasmus qui étudie l’anglais mais qui ne le parle que très peu, qui vient de Naples. Elle s’appelle Laura, qui m’a parlé du fait que la mafia n’existait qu’en Sicile et qu’à Naples, c’est le Comorra et que dans son village il n’y en a pas.